Cette intervention s’appelle arthrodèse : elle consiste à bloquer certaines vertèbres entre elles.
Dans votre cas, il s’agit de traiter une scoliose, c’est-à-dire une déviation anormale de la colonne vertébrale. L’intervention pour redresser la colonne se fait par en arrière.
L’opération consiste à réduire la déviation le plus possible à l’aide de tiges, qui servent de tuteurs, et de vis ou crochets implantés dans les vertèbres. A la fin de l’intervention, on réalise une greffe avec de l’os prélevé sur les vertèbres pour permettre la fusion des vertèbres entre elles dans la zone bloquée par les tiges. Cette fusion est solide en général aux environs de 1 an.
Comment se passe l’intervention et l’Hospitalisation ?
Vous rentrez à la clinique la veille de l’intervention le plus souvent.
L’intervention se passe sous anesthésie générale. Elle dure environ 3 heures. Vous passez ensuite en salle de réveil pendant 2-3 heures, puis retour dans votre chambre.
L’incision se fait dans le dos, le long de la colonne vertébrale. La taille de la cicatrice dépend de la zone à bloquer.
La peau est refermée avec du fil ou des agrafes qui sont retirés vers le 15° jour. Pour éviter la survenue d’un hématome, on pose un drain qui reste en place en général 3 jours.
Le premier lever se fait le lendemain de l’intervention, selon votre état général. La reprise de la marche est progressive, sous la supervision de l’équipe de kinésithérapeutes. En quelques jours vous retrouvez votre autonomie.
La durée d’hospitalisation varie de 7 à 15 jours, en fonction de votre capacité à retrouver de l’autonomie et en fonction de vos douleurs.
Que se passe t il après l’intervention ?
Vous rentrez à votre domicile, avec des aides si nécessaires, sauf en cas d’isolement ou de logement tout à fait non adapté. Le retour à domicile ne se fait pas forcément en ambulance.
Pendant 45 jours, la seule kiné à pratiquer est la marche afin de réactiver les muscles du dos et des jambes. Les efforts sont à éviter. Le port de charge lourde (dès 4-5 kg) et les flexions du tronc vers l’avant sont à contre indiquer formellement pendant 6 mois- 1 an.
La première consultation de contrôle a lieu au 3° mois pour juger de vos progrès.
La kiné débute vers le 45° jour, d’abord par des massages doux puis des étirements et enfin de la remusculation. Elle est progressive et doit être indolore. A partir du 3° mois vous pouvez commencer des activités de piscine, vélo d’appartement ou footing. L’élargissement à des activités de randonnée en montagne ou de vélo en plain air se fera selon vos capacités et vos progrès.
L’arrêt de travail est de minimum 3 mois, souvent 6 mois.
A terme, toutes les activités physiques peuvent être reprises une fois la greffe consolidée.
Est-ce que je serai raide ?
La fixation par des tiges entraine forcément une raideur de la zone concernée. Cependant, on ne prend pas toute la colonne vertébrale, et la mobilité du cou et des hanches est conservée, si bien qu’il n’existe pas de limitation de la mobilité par rapport à avant l’intervention.
La gibbosité va-t-elle disparaitre ?
La gibbosité est la bosse qui s’est formée avec la déviation de la colonne. Celle-ci ne peut pas disparaitre en totalité, même si la colonne redevient droite. Elle est nettement améliorée, mais ce ne doit pas être l’objectif prioritaire de cette chirurgie.
Ma vie sera-t-elle normale ?
Les activités de loisir peuvent être reprises sans limitation après fusion de la greffe. Cependant les activités professionnelles de force doivent être adaptées, et il est souvent nécessaires dans cette catégorie de métier de faire appel à une assistante sociale pour connaitre les démarches possibles.
Il n’y a aucune contre indication à la maternité chez les jeunes filles.
Qu’attendre de cette intervention ?
Les douleurs lombaires doivent, après le contre coup de la chirurgie, revenir dans des valeurs usuelles. C’est-à-dire qu’on ne peut pas supprimer complètement les douleurs, mais les amoindrir au maximum. Un objectif de réduire ces douleurs de ¾ est souvent réaliste.
En ce qui concerne les douleurs sciatiques ou dans les jambes, on estime qu’une disparition est possible dans les meilleurs cas. Si ces douleurs sont installées depuis longtemps, les résultats sont en général moins bons.
Est-ce que je risque d’être paralysé ?
Les risques de complications neurologiques existent mais ils sont très rares.
Les nouvelles techniques permettent de mettre en place le matériel sans contact avec les nerfs ou la moelle épinière.
Un implant peut venir irriter un nerf, ce qui provoque des douleurs dans les jambes. Une réintervention est nécessaire, et l’ablation de cet implant s’accompagne d’une cessation de la douleur dans les jambes.
Un hématome peut se créer au contact des nerfs lors de l’ouverture du canal vertébral et venir irriter les nerfs. Là aussi, la réintervention permet d’enlever l’hématome et de supprimer ces douleurs induites. Il s’agit d’une complication très rare.
Parfois et malgré toutes les précautions, une brèche dans l’enveloppe qui entoure la moelle épinière peut survenir. Une suture est alors réalisée et on colmate en plus cette brèche par de la colle, ce qui permet une bonne étanchéité. Il vous est alors demandé en post opératoire de rester alité pendant 3 jours pour éviter des phénomènes d’hyper pression sur cette suture. Il s’agit alors d’un incident sans conséquence. Au cas où la brèche continue à couler, il faut réopérer pour parfaire cette suture.
Existe-t-il d’autres risques ?
Les risques existent mais sont souvent très limités.
Comme toute intervention il existe un risque lié à l’anesthésie générale. Celui-ci est exceptionnel. Lors de la consultation avec l’anesthésiste, celui-ci vous informera et prendra toutes les dispositions nécessaires pour que l’intervention se déroule du mieux possible.
L’infection de la plaie est possible. En effet, la cicatrice se trouve dans le dos et peut macérer. Les bactéries présentes sur la peau profitent parfois d’une faiblesse locale pour infecter cette cicatrice. Ce problème d’infection est surtout vrai pour les cicatrices bas situées, vers les fesses, et chez des patients fumeurs ou ayant d’autres problèmes de santé.
Parfois les disques et vertèbres juste à coté de l’arthrodèse s’abiment à leur tour. Il peut alors être nécessaire de prolonger le montage pour pallier à cette arthrose adjacente à la précédente chirurgie. Cette arthrose survient plusieurs années ou dizaines d’années après la première.
Est-ce que j’aurai mal ?
Les premiers jours qui suivent l’intervention peuvent être douloureux. Vous serez calmé par des injections d’antalgiques puissants adaptés à votre cas et votre douleur.
Ensuite les douleurs diminuent progressivement. Il ne faut pas vouloir reprendre trop vite des activités importantes pour ne pas réactiver des douleurs. En ce sens il faut respecter l’interdiction de porter des charges lourdes, et les activités ménagères et d’entretien de votre domicile sont à proscrire pendant au moins 3 mois.
A noter que très souvent le transit est ralenti pendant 1 semaine -10 jours. Ceci peut s’accompagner de douleurs abdominales. La reprise de l’alimentation est adaptée et on adjoint des calmants spécifiques.
Est-ce que je porterai un corset ?
Le corset n’est pas indispensable, sauf en cas de tenue médiocre des implants. Si corset il y a, le port est à maintenir pendant 3 mois.
Est-ce que je garderai le matériel toute ma vie ?
Oui, sauf s’il devient gênant, c’est-à-dire
– s’il est douloureux, ce qui est exceptionnel
– s’il est saillant sous la peau chez les patients maigres
– s’il existe une infection associée
– si le matériel bouge
Si le matériel doit être enlevé, cette ablation est sans conséquence pour la tenue des vertèbres, et on ne repose pas le plus souvent d’autres implants.
Dans quelques cas la greffe ne s’est pas consolidée, et il peut être nécessaire de restimuler la greffe par une nouvelle intervention. Ceci est d’autant plus fréquent chez les patients fumeurs.
Est-ce que j’aurai besoin d’une transfusion ?
Tout dépend du saignement pendant l’intervention. Ce saignement est récupéré et retransfusé directement pendant l’intervention. De plus, on peut avant l’intervention avoir recours à des injections d’EPO et/ou de Fer pour stimuler la production de globules rouges. Ceci afin de pallier à une perte pendant la chirurgie.
L’anesthésiste évaluera ce risque et adoptera la meilleure stratégie pour vous